Après avoir rencontré Véronique et Émilie qui nous ont parlé de leur métier avec amour… de leurs Volailles de Fontinelle avec passion, c’est un souvenir d’enfance qui m’a rattrapée… dans un parfum de poulet rôti, oserai-je !…
C’était le plat du dimanche. On achetait la volaille fraîche chez le volailler. C’était une volaille qui portait sa tête en écharpe… Elle n’était pas bien belle et je me demandais pourquoi on achetait ce genre de chose morte… Je n’étais pas bien grande. On repartait avec mon grand-père, la volaille emballée dans du papier rose, au fond du filet à provisions comme un bas qui prend la forme de son contenu. C’était le dimanche tôt… fallait ramener rapidement la volaille à ma grand-mère pour qu’elle soit prête à midi. On était habillés en dimanche. On était beaux… Mon grand-père sentait la lavande ce jour-là. Le cigarillo les autres jours. Il portait la volaille d’un côté et me tenait la main de l’autre. On marchait vite. Il m’expliquait que je ne pouvais pas porter le filet, parce que la volaille aurait trainé par terre. Je n’étais pas bien grande. Et j’attendais de grandir pour pourvoir porter le filet sans que la volaille ne traîne par terre. Ma grand-mère portait son tablier de cuisine repassé ce jour-là. Son tablier du dimanche. Et elle nous attendait en épluchant des pommes de terre de la purée… « Ah ! Vous êtes là ! » . Elle déballait la volaille sur la table de la cuisine. Elle lui sortait du derrière des morceaux de choses d’un rouge sombre, elle lui brûlait les dernières plumes au feu de la cuisinière et lui coupait la tête et les pattes en deux coups secs de feuille de boucher. Elle trouvait ça trop vivant la tête et les pattes dans le plat… « C’est barbare de manger un animal qui ressemble encore à un animal ! ». Alors elle faisait disparaître les indices. Puis elle l’enfournait farcie de gousses d’ail de laurier de thym de romarin… une grosse tranche de beurre sur la poitrine… Et à partir de là, la volaille du volailler se transformait en poulet rôti du dimanche… Je n’étais pas bien grande. Et je me demandais, en mangeant un morceau de poulet recouvert de purée et de jus délicieux, ce que ma grand-mère avait bien pu faire de la volaille du volailler…
Voilà, aujourd’hui je suis grande… et je sais ! Parce c’est moi qui vais transformer les volailles du volailler en poulets rôtis ! Et ce seront les volailles des volaillères Véronique et Émilie des Volailles de Fontinelle… et j’en suis absolument ravie !

Jane